Pour un cours universitaire en économie, sciences politiques ou relations internationales. Ce chapitre vise à présenter les principaux courants théoriques qui expliquent les logiques, les dynamiques et les effets de la mondialisation.
1. 🔹 Le libéralisme économique : la mondialisation comme moteur du progrès
a. Fondements
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Hérité de Adam Smith (main invisible du marché) et David Ricardo (avantage comparatif).
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Idée que le libre-échange maximise la production, la croissance et le bien-être collectif.
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Chaque pays se spécialise dans ce qu’il produit le mieux, et échange avec les autres.
b. Prolongement contemporain
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Théories néolibérales (Friedman, Hayek) : déréglementation, ouverture des marchés, limitation de l’intervention de l’État.
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Institutions internationales (OMC, FMI, Banque mondiale) fondées sur ces principes.
c. Effets attendus
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Réduction des coûts.
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Accès à une variété de biens et services.
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Croissance économique mondiale.
d. Limites
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Oubli des externalités (environnement, inégalités).
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Vulnérabilité accrue aux crises globales.
2. 🔹 Le marxisme et les théories de la dépendance : la mondialisation comme domination
a. Analyse critique du capitalisme mondialisé
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Karl Marx : le capitalisme repose sur l’accumulation, l’exploitation et l’impérialisme économique.
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La mondialisation est vue comme l’extension du capitalisme à l’échelle mondiale, au profit d’une minorité.
b. Théories de la dépendance (Amérique latine, années 1960–1970)
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Raúl Prebisch, André Gunder Frank : distinction entre pays centres (développés, industrialisés) et périphéries (soumis, exportateurs de matières premières).
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Le commerce mondial ne réduit pas les inégalités, il les reproduit et les aggrave.
c. Théorie du système-monde (Immanuel Wallerstein)
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Trois zones : centre, semi-périphérie, périphérie.
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Les flux économiques et les règles sont structurés pour maintenir l’ordre mondial inégalitaire.
d. Apports
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Met en lumière les rapports de pouvoir, l’injustice économique, les mécanismes d’exploitation.
3. 🔹 L’institutionnalisme : la gouvernance de la mondialisation
a. Postulat
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Le monde globalisé a besoin de règles communes pour fonctionner.
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La mondialisation n’est pas naturelle : elle est organisée par des institutions, des traités, des normes.
b. Rôle des institutions
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OMC, FMI, G20, ONU, OIT… : garants de la stabilité, des arbitrages, des droits.
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Les accords commerciaux et de coopération permettent de résoudre les conflits, de gérer les interdépendances.
c. Gouvernance mondiale
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Besoin de coordination pour faire face aux biens publics mondiaux : climat, sécurité, santé, cybersécurité.
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Limite : manque de légitimité démocratique, poids des intérêts dominants.
4. 🔹 Le courant alter-mondialiste : une autre mondialisation est possible
a. Origine
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Mouvements critiques apparus à la fin des années 1990 (Seattle 1999, Porto Alegre 2001).
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Rejet du néolibéralisme et de la mondialisation capitaliste.
b. Revendications
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Mondialisation plus solidaire, durable et juste.
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Droit des peuples, justice climatique, commerce équitable, économie sociale et solidaire.
c. Acteurs
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ONG, syndicats, intellectuels engagés, mouvements écologistes.
d. Contributions
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A ouvert le débat public mondial sur les effets pervers de la mondialisation : inégalités, délocalisations, précarité, destruction de l’environnement.
5. 🔹 La géoéconomie et le réalisme : mondialisation et puissance
a. Postulat
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La mondialisation n’efface pas les États, elle les reconfigure.
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Les États utilisent l’économie comme un outil de puissance stratégique.
b. Géoéconomie (Pascal Lorot, Edward Luttwak)
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Les entreprises, les marchés, les flux d’énergie ou de données deviennent des armes géopolitiques.
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Ex. : sanctions économiques, guerre commerciale USA–Chine, contrôle des matières rares.
c. Réalisme politique
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Les relations internationales restent un jeu de puissance, malgré la mondialisation.
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La souveraineté, la sécurité nationale, les alliances restent essentielles.
6. 🔹 Approches récentes et pluridisciplinaires
a. Économie comportementale :
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La mondialisation affecte les choix individuels, les biais de consommation, les aspirations culturelles.
b. Sociologie et anthropologie :
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Analyse des pratiques transnationales, des identités hybrides, des migrations, de la mondialisation "par le bas".
c. Écologie politique :
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Dénonce les effets destructeurs du modèle productiviste globalisé sur les écosystèmes.
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Plaide pour une décroissance, une relocalisation, une transition juste.
Conclusion
Les théories de la mondialisation offrent une grille de lecture plurielle et complémentaire du phénomène.
Aucune ne peut, à elle seule, résumer toute la complexité du processus.
Mais ensemble, elles permettent :
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D’en comprendre les logiques économiques, sociales, politiques et écologiques.
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D’évaluer ses effets en tenant compte des rapports de force, des valeurs, des enjeux globaux.
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