lundi 18 août 2025

Les grandes théories de la mondialisation

Pour un cours universitaire en économie, sciences politiques ou relations internationales. Ce chapitre vise à présenter les principaux courants théoriques qui expliquent les logiques, les dynamiques et les effets de la mondialisation.

1. 🔹 Le libéralisme économique : la mondialisation comme moteur du progrès

a. Fondements

  • Hérité de Adam Smith (main invisible du marché) et David Ricardo (avantage comparatif).

  • Idée que le libre-échange maximise la production, la croissance et le bien-être collectif.

  • Chaque pays se spécialise dans ce qu’il produit le mieux, et échange avec les autres.

b. Prolongement contemporain

  • Théories néolibérales (Friedman, Hayek) : déréglementation, ouverture des marchés, limitation de l’intervention de l’État.

  • Institutions internationales (OMC, FMI, Banque mondiale) fondées sur ces principes.

c. Effets attendus

  • Réduction des coûts.

  • Accès à une variété de biens et services.

  • Croissance économique mondiale.

d. Limites

  • Oubli des externalités (environnement, inégalités).

  • Vulnérabilité accrue aux crises globales.

2. 🔹 Le marxisme et les théories de la dépendance : la mondialisation comme domination

a. Analyse critique du capitalisme mondialisé

  • Karl Marx : le capitalisme repose sur l’accumulation, l’exploitation et l’impérialisme économique.

  • La mondialisation est vue comme l’extension du capitalisme à l’échelle mondiale, au profit d’une minorité.

b. Théories de la dépendance (Amérique latine, années 1960–1970)

  • Raúl Prebisch, André Gunder Frank : distinction entre pays centres (développés, industrialisés) et périphéries (soumis, exportateurs de matières premières).

  • Le commerce mondial ne réduit pas les inégalités, il les reproduit et les aggrave.

c. Théorie du système-monde (Immanuel Wallerstein)

  • Trois zones : centre, semi-périphérie, périphérie.

  • Les flux économiques et les règles sont structurés pour maintenir l’ordre mondial inégalitaire.

d. Apports

  • Met en lumière les rapports de pouvoir, l’injustice économique, les mécanismes d’exploitation.

3. 🔹 L’institutionnalisme : la gouvernance de la mondialisation

a. Postulat

  • Le monde globalisé a besoin de règles communes pour fonctionner.

  • La mondialisation n’est pas naturelle : elle est organisée par des institutions, des traités, des normes.

b. Rôle des institutions

  • OMC, FMI, G20, ONU, OIT… : garants de la stabilité, des arbitrages, des droits.

  • Les accords commerciaux et de coopération permettent de résoudre les conflits, de gérer les interdépendances.

c. Gouvernance mondiale

  • Besoin de coordination pour faire face aux biens publics mondiaux : climat, sécurité, santé, cybersécurité.

  • Limite : manque de légitimité démocratique, poids des intérêts dominants.

4. 🔹 Le courant alter-mondialiste : une autre mondialisation est possible

a. Origine

  • Mouvements critiques apparus à la fin des années 1990 (Seattle 1999, Porto Alegre 2001).

  • Rejet du néolibéralisme et de la mondialisation capitaliste.

b. Revendications

  • Mondialisation plus solidaire, durable et juste.

  • Droit des peuples, justice climatique, commerce équitable, économie sociale et solidaire.

c. Acteurs

  • ONG, syndicats, intellectuels engagés, mouvements écologistes.

d. Contributions

  • A ouvert le débat public mondial sur les effets pervers de la mondialisation : inégalités, délocalisations, précarité, destruction de l’environnement.

5. 🔹 La géoéconomie et le réalisme : mondialisation et puissance

a. Postulat

  • La mondialisation n’efface pas les États, elle les reconfigure.

  • Les États utilisent l’économie comme un outil de puissance stratégique.

b. Géoéconomie (Pascal Lorot, Edward Luttwak)

  • Les entreprises, les marchés, les flux d’énergie ou de données deviennent des armes géopolitiques.

  • Ex. : sanctions économiques, guerre commerciale USA–Chine, contrôle des matières rares.

c. Réalisme politique

  • Les relations internationales restent un jeu de puissance, malgré la mondialisation.

  • La souveraineté, la sécurité nationale, les alliances restent essentielles.

6. 🔹 Approches récentes et pluridisciplinaires

a. Économie comportementale :

  • La mondialisation affecte les choix individuels, les biais de consommation, les aspirations culturelles.

b. Sociologie et anthropologie :

  • Analyse des pratiques transnationales, des identités hybrides, des migrations, de la mondialisation "par le bas".

c. Écologie politique :

  • Dénonce les effets destructeurs du modèle productiviste globalisé sur les écosystèmes.

  • Plaide pour une décroissance, une relocalisation, une transition juste.

Conclusion

Les théories de la mondialisation offrent une grille de lecture plurielle et complémentaire du phénomène.
Aucune ne peut, à elle seule, résumer toute la complexité du processus.
Mais ensemble, elles permettent :

  • D’en comprendre les logiques économiques, sociales, politiques et écologiques.

  • D’évaluer ses effets en tenant compte des rapports de force, des valeurs, des enjeux globaux.

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